Depuis le dimanche de Pâques, 4 avril, les évangiles ont évoqué les manifestations du Ressuscité : aux femmes qui viennent au tombeau ; à Marie-Madeleine ; aux disciples au Cénacle, en l’absence de Thomas ; aux disciples au Cénacle, en présence de Thomas ; aux disciples au Cénacle, en présence des disciples d’Emmaüs. L’évangile du IVème dimanche de Pâques a présenté Jésus comme berger de toute l’humanité.
Nous sommes introduits progressivement dans la mission du Ressuscité : Messie, Fils de Dieu, Sauveur, Pasteur. En ce Vème dimanche de Pâques, l’évangile selon saint Jean donne un passage du discours d’adieu de Jésus à ses disciples après le lavement des pieds, la veille de sa mort. Jésus se présente comme la vraie vigne ; son Père en est le vigneron. Nous sommes les sarments de cette vigne. Si nous ne portons pas du fruit, le Père nous enlève. Si nous portons du fruit, le Père nous purifie en nous taillant, pour que nous en portions davantage.
Jésus nous dit : Vous, vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez-en moi, comme moi en vous. Si nous demeurons en Jésus, nous porterons du fruit.
C’est une des manières de situer notre relation à Jésus, notre relation au Père, et l’efficacité de notre mission. Dans la mesure où nous demeurons en Jésus, non seulement nous porterons du fruit, mais, en plus, nous pouvons demander tout ce que nous voulons, et cela se réalisera pour nous. Il s’agit de demandes en vue de notre mission, le fait de porter du fruit.
Une manière de saisir tout cela est de contempler la gloire du Père : Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples.
En d’autres termes, nous participons à la manifestation du dessein de Dieu sur toute l’humanité en devenant des disciples de Jésus, qui nous envoie en mission. Nous en avons un signe le soir de Pâques au Cénacle : De même que le Père m’a envoyé, dit le Ressuscité, moi aussi, je vous envoie.
Notre mission – notre témoignage du Ressuscité, l’annonce de la Parole, de la Bonne Nouvelle, le pardon des péchés – s’enracine dans la mission que le Père donne à son Envoyé, son Fils. Nous entrons dans la vie trinitaire. Notre mission ne vient pas de nous ; elle vient d’une vie de communion entre le Père et le Fils, entre le Père, le Fils et l’Esprit.
La Première lettre de saint Jean dit cela à sa manière : Bien-aimés, si notre cœur ne nous accuse pas, nous avons de l’assurance devant Dieu. Quoi que nous demandions à Dieu, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux.
Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et voilà comment nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné part à son Esprit.
Les Actes des Apôtres évoquent la venue de Saul à Jérusalem, après l’événement survenu sur le chemin de Damas et le baptême par Ananie à Damas. Les disciples du Ressuscité à Jérusalem ont peur de Saul, car il les a persécutés. Barnabé est le surnom donné par les apôtres à Joseph, un lévite originaire de Chypre, qui se distingue dans la communauté de Jérusalem par sa générosité. Barnabé va prendre Saul avec lui pour le présenter aux apôtres. Il va raconter ce qui s’est passé sur le chemin de Damas et comment Saul, à Damas, a déjà parlé avec assurance au nom de Jésus. Malgré ce témoignage de Barnabé, Saul n’est pas reçu dans la communauté de Jérusalem. Des frères de cette communauté sont informés de l’intention des Juifs de langue grecque de supprimer Saul. Ces frères accompagnent Saul jusqu’à Césarée maritime d’où il peut embarquer pour se rendre à Tarse, en Cilicie, d’où il est originaire. Il y restera plusieurs années, avant que le même Barnabé ne vienne le chercher pour fortifier la foi des habitants d’Antioche qui deviennent disciples du Christ, qu’on appellera « chrétiens ». Quelle expérience que celle de Saul ! A peine retourné par l’expérience du Crucifié Ressuscité sur le chemin de Damas, à peine baptisé par Ananie, Saul constate qu’on ne veut pas de lui à Jérusalem, que certains veulent même sa mort.
Le texte poursuit : L’Eglise était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ; elle se construisait et elle marchait dans la crainte du Seigneur ; réconfortée par l’Esprit Saint, elle se multipliait. C’est en effet l’Esprit Saint qui marque les étapes de la croissance de l’Eglise. Les témoins du ressuscité, comme Saul et Barnabé, sont des serviteurs que le Seigneur appelle au moment voulu pour l’annonce de la Parole. Nous retrouvons, une fois encore, ce que Jésus dit en parlant de vigne et des sarments qui portent du fruit.
Guy Harpigny,
Evêque de Tournai