Vendredi 4 mars 2022 : cette première date avait une saveur toute particulière étant donné que notre gouvernement s’était justement rassemblé quelques heures plus tôt pour prendre de nouvelles décisions quant à notre futur proche. Bonnes ou mauvaises décisions ? Seul l’avenir nous le dira, mais le Prof. Dominique Jacquemin, théologien, bioéthicien, infirmier, prêtre et docteur en santé publique, a déjà pu apporter son constat sur les décisions passées et ce qu’elles engendreront dans « le monde d’après ».
Le propos du Prof. Jacquemin s’est avant tout centré sur une dimension de la crise sanitaire fortement masquée par nos politiques, la dimension spirituelle. Il a ainsi démontré comment « la covid 19 représente également une opportunité de restaurer une dimension spirituelle de l’existence (…) qui deviendrait le substrat d’une vie interpersonnelle et sociale davantage solidaire ». Un bref temps de définition de la spiritualité en terme de mouvements d’existence d’abord, quelques exemples de la façon dont la crise sanitaire nous a fait passer à côté de l’humain ensuite, et enfin la démonstration que l’oubli lors de cette crise peut ouvrir une opportunité de changement, si nous le souhaitons.
Le conférencier a présenté différentes situations réelles auxquelles nous avons été confrontés : devoir accompagner d’autres personnes qui pouvaient, tout comme nous, être «dangereuses» ou encore une perte d’humanité lors de la prise en main de patients, pourtant essentielle aux yeux des soignants. Il s’est également interrogé sur l’expérience du souffle, lorsque celui-ci devient dangereux pour autrui, ainsi que sur la mise à mal des relations sociales dans une crise où le simple fait de respirer peut contaminer et sur les conséquences de cette distanciation sociale imposée.
Pour répondre concrètement à la question posée par le titre de cette conférence (« La crise sanitaire, et après ? Regard croisés tournés vers l’avenir… »), le conférencier a souhaité proposer quelques réflexions indiquant que des opportunités peuvent s’ouvrir si on accepte, par un choix individuel et collectif, de choisir le spirituel. Le Prof. Jacquemin est ainsi convaincu que le monde d’après la crise de covid 19 sera celui que « comme collectif de citoyens, nous parviendrons à discuter avec les politiques ».
Le Prof. Dominique Jacquemin a également repris quelques titres du sociologue et philosophe français Edgar Morin, présentés dans l’un de ses derniers livres parus, lorsqu’il parle des leçons du coronavirus. Leçon sur notre existence et notre rapport aux autres, révélée par le confinement. Leçon sur nos besoins et nos manques véritables. Leçon sur la condition humaine.
« Il est possible, pour chaque homme et chaque femme, d’ouvrir un espace d’intériorité pour faire le point sur sa propre vie, sa manière d’habiter le monde et d’être en lien avec autrui, d’être en capacité de penser ce qui est important pour soi, pour l’autre, pour nous et pourquoi », a conclu le Prof. Jacquemin.
C’est Mgr Harpigny qui a partagé le mot de la fin avec l’assemblée, soulignant que la réflexion s’était déroulée au sein même de l’Église et mettant en avant certaines « lueurs d’espoirs » qui ont guidé les citoyens pendant la crise sanitaire, comme par exemple l’épidémiologiste Marius Gilbert.
Cette conférence sur la crise sanitaire était évidemment teintée de références à une autre crise que nous sommes en train de traverser, celle de la guerre en Ukraine. Un moment de silence en début de soirée a d’ailleurs été proposé pour marquer notre soutien au peuple ukrainien.
Deux autres conférences consacrées à « La crise sanitaire, et après ? Regards croisés tournés vers l’avenir… » sont programmées les vendredis 11 et 18 mars à 19h30 à la cathédrale. Vous êtes les bienvenu.e.s !