Nous sommes au retour des disciples d’Emmaüs à Jérusalem. Ils ont été accompagnés par un voyageur, qui est Jésus ressuscité, mais qu’ils ne reconnaissent pas. Jésus leur démontre que le Messie devait souffrir pour entrer dans la gloire. Jésus expose les Ecritures à partir de Moïse, des Prophètes et des Psaumes. A Emmaüs, il accepte l’invitation de rester pour prendre le repas. Il prend le pain, dit la bénédiction et le rompt. Puis il disparaît. Les disciples le reconnaissent à la fraction du pain et retournent immédiatement à Jérusalem pour informer les apôtres.
L’évangile de ce jour, selon saint Luc, commence à ce moment-là. Les disciples d’Emmaüs racontent ce qui s’est passé et, tout d’un coup, Jésus est présent au milieu d’eux et il leur dit : La paix soit avec vous.
Les apôtres et leurs compagnons sont saisis de frayeur et de crainte ; ils croient voir un esprit. Jésus leur demande pourquoi ils sont bouleversés. Il montre les traces de ses plaies. Il demande qu’on le touche. Il a un corps, il n’est pas un esprit.
Les disciples sont pleins de joie, mais ils n’osent pas encore y croire. Jésus leur demande de quoi manger. Il reçoit du poisson grillé et il mange. On suppose que, cette fois, les disciples sont bien convaincus que c’est Jésus qui mange devant eux.
Aussi Jésus reprend ce qu’il a déjà dit aux disciples d’Emmaüs : Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.
Jésus ouvre leur intelligence à la compréhension des Ecritures. Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. A vous d’en être les témoins.
Passion, mort en croix, résurrection, conversion, pardon des péchés, témoignage pour toute les nations. Les disciples en deviennent les témoins.
Le témoignage trouve un exemple dans la première lecture tirée du livre des Actes des Apôtres. Après avoir guéri, au nom de Jésus, un mendiant paralysé au Temple de Jérusalem, Pierre s’adresse à la foule qui a été témoin de la guérison. Pierre inscrit le serviteur Jésus dans le dessein de Dieu, depuis Abraham, Isaac et Jacob. La foule de Jérusalem a livré Jésus, a renié Jésus en présence de Pilate qui était décidé à le relâcher. Vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier. Vous avez tué le Prince de la vie, lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts, nous en sommes témoins. Pierre ajoute que la foule a agi dans l’ignorance. Mais Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait d’avance annoncé par la bouche de tous les prophètes : que le Christ, son Messie, souffrirait. Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés.
C’est la reprise parfaite de ce que Jésus ressuscité dit à ses disciples le soir de Pâques.
Dans la Première lettre de saint Jean, à propos d’une situation où on est accablé par le péché, Jean écrit : Si l’un de vous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ, le Juste. C’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement des nôtres, mais encore de ceux du monde entier. Puis revient, comme un refrain, un discours sur la connaissance du Christ. Nous savons que nous le connaissons, lorsque nous gardons ses commandements.
Irénée de Lyon écrit : C’est pourquoi aussi le Seigneur disait à ses disciples après sa résurrection : Ô hommes sans intelligence et cœurs lents à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses et qu’il entrât dans sa gloire ? Et il leur dit aussi : Telles sont les paroles que je vous ai dites lorsque j’étais encore avec vous : il fallait que s’accomplît tout ce qui a été écrit de moi dans la Loi de Moïse, les prophètes et les psaumes (Contre les Hérésies III, 5).
+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai