La liturgie des dimanches de Carême de l’année liturgique B nous offre deux chemins possibles, tout en manifestant l’alliance de Dieu avec son peuple. En effet, nous avons dans l’évangile de Marc la parole de Jésus à la Dernière Cène : Ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui va être répandu pour une multitude (14,24). Il s’agit d’une alliance nouvelle et éternelle, entendons-nous dans la Prière eucharistique. Les textes bibliques nous introduisent dans les étapes de l’alliance de l’Ancien Testament et dans l’alliance que Jésus manifeste par le don de sa vie « pour vous et pour la multitude en rémission des péchés ».
Le chemin de l’Ancien Testament
Après le déluge, l’alliance avec toute l’humanité (dimanche de Noé, Ier dimanche)
L’alliance avec tous les croyants (dimanche d’Abraham, IIème dimanche)
Au Sinaï, l’alliance avec ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique (dimanche de Moïse, IIIème dimanche)
Au retour de l’Exil, renouvellement de l’alliance avec tous ceux qui reviennent vers Dieu de tout leur cœur (dimanche du peuple de Dieu vivant en terre promise, IVème dimanche)
Annonce de la nouvelle alliance par les prophètes (dimanche des prophètes, Vème dimanche)
Le chemin des évangiles fait porter notre regard sur Jésus lui-même
Jésus nous conduit au désert, où il est tenté par le Diable (Ier dimanche)
Jésus nous conduit sur la montagne, où il est transfiguré (IIe dimanche)
Jésus nous fait entrer dans le Temple, où il annonce qu’il sera le nouveau Temple (IIIe dimanche)
À Nicodème, Jésus annonce qu’il est le Fils unique qui vient sauver le monde (IVe dimanche)
À Jérusalem, Jésus nous révèle que le prince de ce monde va être jeté dehors et que lui, Jésus, élevé de terre attirera à lui tous les hommes (Vème dimanche)
Les « deuxièmes lectures » sont choisies pour faire le lien entre le texte de l’Ancien Testament et le mystère du Christ
Première lettre de l’apôtre Pierre : évocation de Noé et de ceux qui sont sauvés du déluge, une figure du baptême (Ier dimanche)
Lettre de l’apôtre Paul aux Romains : évocation de l’épreuve d’Abraham au moment du sacrifice d’Isaac, figure du sacrifice du Christ sur la Croix (IIème dimanche)
Première lettre de l’apôtre Paul aux Corinthiens : Dieu, qui a fait sortir son peuple en esclavage en Egypte, est le seul Dieu ; le Messie crucifié, le Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu (IIIème dimanche)
Lettre de l’apôtre Paul aux Ephésiens : au retour de l’Exil, construction d’une Maison pour Dieu ; grâce à l’amour de Dieu, qui est riche en miséricorde, nous qui étions morts par suite de nos fautes, nous recevons la vie avec le Christ (IVème dimanche)
Lettre aux Hébreux : évocation de l’alliance nouvelle annoncée par le prophète Jérémie ; l’alliance est manifestée par l’offrande que Jésus fait de sa vie, par obéissance à son Père, dont témoigne la prière à Gethsémani (Vème dimanche)
Ier dimanche du Carême
Après le déluge, Dieu fait alliance avec Noé et ses fils : Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous, avec votre descendance après vous, et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous (…). Voici le signe de l’alliance que j’établis entre moi et vous, et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous, pour les générations à jamais : je mets mon arc au milieu des nuages, pour qu’il soit le signe de l’alliance entre moi et la terre. C’est le sens de la première lecture tirée du livre de la Genèse.
La Première lettre de l’apôtre Pierre évoque le déluge, l’alliance avec Noé : le Christ ressuscité est parti proclamer son message aux esprits qui étaient en captivité. Ceux-ci, jadis, avaient refusé d’obéir, au temps où se prolongeait la patience de Dieu, quand Noé construisit l’arche, dans laquelle un petit nombre, en tout huit personnes, furent sauvées à travers l’eau. C’était une figure du baptême qui vous sauve maintenant : le baptême ne purifie pas de souillures extérieures, mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite et il sauve par la résurrection de Jésus Christ.
Le Ier dimanche de Carême, la liturgie proclame l’évangile qui fait le récit des tentations de Jésus au désert. Cette année, nous avons le texte de l’évangéliste Marc. Jésus vient d’être baptisé au Jourdain. Aussitôt l’Esprit le pousse au désert et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
L’Esprit qui est venu sur Jésus au moment de sa sortie de l’eau du Jourdain chasse Jésus au désert, où celui-ci est tenté, mis à l’épreuve par Satan, l’anti-Esprit Saint. L’épreuve dure quarante jours. Dans la Bible quarante évoque les 40 jours du déluge au temps de Noé, les 40 années du séjour des Hébreux au désert, les 40 jours de Moïse au Sinaï et les 40 jours de marche d’Elie vers l’Horeb. L’épreuve de Jésus au désert est comparée à l’épreuve des Hébreux au désert après le passage de la Mer Rouge, un temps de tentations, d’épreuves.
Jésus vit parmi les bêtes sauvages. Un texte ancien, la Vie grecque d’Adam et Eve, présente l’agressivité des bêtes sauvages contre les hommes comme une conséquence du péché. A la création, l’homme vivait en paix avec les animaux. D’après le prophète Isaïe et le prophète Osée, la compagnie paisible des bêtes sauvages est un signe de la nouvelle création, du salut attendu. La vie de Jésus au désert avec les bêtes sauvages indique déjà qu’il a vaincu Satan et que les derniers temps sont imminents, la nouvelle création est en train d’arriver.
La vie de Jésus avec les anges va dans le même sens. Chassés du paradis après le péché, Adam et Eve ne vivent plus avec les anges. Jésus est le nouvel Adam qui vit avec les anges, qui le servent.
Immédiatement après l’arrestation de Jean Baptiste, Jésus se rend en Galilée, d’où il était venu. Il proclame le règne de Dieu et dit : Convertissez-vous et croyez à l’Evangile. Son ministère peut effectivement commencer. Il a déjà vaincu Satan au désert.
Le week-end du 21 février et le week-end du 28 février, j’accueille les catéchumènes de 2021 au cours de la liturgie de l’appel décisif et de l’inscription du nom. Cette liturgie est célébrée à la Cathédrale à huit reprises, afin de respecter les normes sanitaires. Prions pour les catéchumènes de cette année et pour tous ceux qui n’ont pas eu la possibilité d’être baptisés, confirmés et invités au Repas du Seigneur en 2020.
Parmi les apocryphes chrétiens, nous avons le Roman pseudo-clémentin, qui aurait été rédigé entre 222 et 325. Il est écrit en grec et a été traduit en latin.
Dans ce Roman est évoquée la personne de l’apôtre Pierre qui enseigne Clément (le futur troisième successeur de Pierre à Rome) tout au long d’un voyage qui va de Rome à Césarée, Tyr, Tripoli et Laodicée. Ces enseignements sont des Homélies. L’Homélie IX est prononcée à Tripoli. Elle évoque le déluge : Dieu a fait périr dans les eaux tous les hommes d’autrefois pour leur impiété ; mais comme, sur la totalité, il en avait sauvé un qui était pieux, il fit en sorte qu’il en réchappât dans un coffre avec ses trois fils et leurs épouses (…). Ainsi donc, aussitôt après le déluge, Noé passa les trois cents ans qu’il vécut encore en concorde avec les foules issues de lui, parce qu’il était roi à l’image du Dieu unique. Après sa mort, beaucoup de ses descendants aspirèrent à la royauté, et chacun, dans sa hâte de régner, envisageait les moyens d’y parvenir. L’un songeait à la guerre, l’autre à la ruse, un troisième à la persuasion, et ainsi de suite ; parmi eux, il y en avait un de la race de Cham, le père de Mestrem, de qui sont issues les nombreuses tribus des Egyptiens, des Babyloniens et des Perses.
Nous sommes loin de l’alliance que Dieu fait avec toute l’humanité.
+ Guy Harpigny,
Évêque de Tournai