Comme pour la veillée pascale, la vigile de Pentecôte fait le récit du dessein de Dieu depuis le commencement jusqu’au don de l’Esprit Saint. L’Esprit Saint procède du Père. L’Esprit est aussi donné par le Christ, le Fils de Dieu.
Souvenons-nous !
Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux (Genèse 1,2).
Genèse 11,1-9 (Babel)
Lorsque les êtres humains arrivent dans une plaine en Mésopotamie, le sud de l’Irak actuel, ils veulent que leur nom soit connu par tous, et ils ne veulent pas être disséminés sur toute la surface de la terre. Pour que ce nom soit connu du monde entier, ils bâtissent une ville, avec une tour dont le sommet serait dans les cieux. En faisant cela, les êtres humains oublient que c’est Dieu qui habite dans les cieux ; ils oublient que Dieu a demandé aux premiers parents de devenir féconds et de remplir la terre. Il n’a pas demandé de rester entre soi dans une ville. C’est ainsi qu’en brouillant leur langue, Dieu les a dispersés sur toute la surface de la terre.
Exode 19,3-8a. 16-20b (Alliance)
Lorsque les Hébreux ont célébré la Pâque en mangeant l’agneau et en traversant la Mer Rouge, Moïse monte vers Dieu en haut de la montagne. En rappelant à Moïse comment il a sauvé les Hébreux des Egyptiens, Dieu fait alliance avec son peuple : Vous serez mon domaine particulier parmi tous les peuples car toute la terre m’appartient ; mais vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte. Le peuple tout entier dit : Tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique. Le troisième jour, Dieu descend dans le feu sur le sommet du Sinaï.
Ezékiel 37,1-14 (Les morts ressuscitent)
Lorsque les Juifs sont déportés à Babylone, ils pensent que leur nation va disparaître, qu’ils font partie d’un peuple mort. Dieu leur envoie le prophète Ezékiel qui fait le récit d’une vision. Ezékiel est déposé au milieu d’une vallée pleine d’ossements humains, tout à fait desséchés. Dieu ordonne à Ezékiel de prophétiser, de parler aux ossements qui progressivement deviennent des corps humains, mais toujours inanimés. Ezékiel s’adresse alors à l’esprit : Viens des quatre vents, esprit ! Souffle sur ces morts, et qu’ils vivent. De fait les morts se dressent sur leurs pieds, ils sont revenus à la vie, ils forment une armée immense. Dieu explique à Ezékiel ce que cette vision signifie : Ces ossements, c’est toute la maison d’Israël. Car ils disent : Nos ossements sont desséchés, notre espérance est détruite, nous sommes perdus ! Le Seigneur Dieu dit à ceux-là : Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter et je vous ramènerai sur la terre d’Israël. Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez.
Joël 3,1-5a (Tous deviendront prophètes)
Dans une évocation de la fin des temps, le prophète Joël parle du jour du Seigneur, au moment où toute la création est ébranlée, transformée, dans l’attente d’un monde nouveau. C’est à ce moment-là que Dieu dit : Je répandrai mon esprit sur tout être de chair, vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens seront instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions. Tous les êtres humains porteront la Parole de Dieu, tous les êtres humains, même les plus petits dans la société, parleront au nom de Dieu, seront des porte-parole de Dieu. Le prophète Joël conclut : Alors, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. Seuls ceux qui invoqueront le nom du Seigneur seront sauvés.
C’est de cette manière que la liturgie de la vigile de Pentecôte parcourt le dessein de Dieu depuis le commencement du monde jusqu’à l’avènement d’un monde nouveau.
Dans le récit du livre des Actes des Apôtres (2,1-11), l’Esprit est donné le jour de la Pentecôte, la fête qui commémore l’alliance du Sinaï entre Dieu et son peuple, après le passage de la Mer Rouge. Le livre de l’Exode trouve ici son accomplissement. Nous sommes en présence d’une alliance nouvelle et éternelle entre Dieu et son peuple. De même que Dieu est descendu le troisième jour dans le feu, l’Esprit Saint vient sous forme de langues de feu.
De plus, ceux qui reçoivent l’Esprit sous la forme de langues de feu parlent en langues. Alors qu’à Babel Dieu avait brouillé les langues pour que les êtres humains soient dispersés sur toute la surface de la terre, à Jérusalem, les apôtres s’expriment dans des langues comprises par toutes les nations qui y sont présentes pour la fête de Pentecôte. Nous sommes entrés dans la mission universelle de la mission des apôtres.
Les pèlerins présents à Jérusalem sont étonnés : Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient : Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ? (…) Qu’est-ce que cela signifie ?
Pierre, debout avec les onze autres apôtres, éleva la voix et leur fit cette déclaration :
Ce qui arrive a été annoncé par le prophète Joël :
Il arrivera dans les derniers jours, dit Dieu, que je répandrai mon Esprit sur toute créature : vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions, et vos anciens des songes. Même sur vos serviteurs et sur vos servantes, je répandrai mon Esprit en ces jours-là, et ils prophétiseront. Je ferai des prodiges en haut dans le ciel, et des signes en bas sur la terre : du sang, du feu, un nuage de fumée. Le soleil sera changé en ténèbres, et la lune sera changée en sang, avant que vienne le jour du Seigneur, jour grand et manifeste. Alors quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.
Nous sommes arrivés à la fin des temps annoncé par le prophète Joël ; nous sommes arrivés au jour du Seigneur.
A partir de cette citation du prophète Joël, Pierre donne le kérygme, la synthèse courte de la profession de foi au Christ.
Tout d’abord, Pierre annonce le dessein de Dieu. Il s’agit de Jésus, le Nazaréen, homme que Dieu a accrédité auprès de vous en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes. Cet homme, livré selon le dessein bien arrêté et la préscience de Dieu, vous l’avez supprimé en le clouant sur le bois par la main des impies. Mais Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir.
En puisant dans l’Ecriture, l’Ancien Testament, Pierre montre que le dessein de Dieu est accompli dans la mort et la résurrection de Jésus.
D’abord le psaume 15 : Je voyais le Seigneur devant moi sans relâche : il est à ma droite, je suis inébranlable. C’est pourquoi mon cœur est en fête, et ma langue exulte de joie ; ma chair elle-même reposera dans l’espérance : tu ne peux m’abandonner au séjour des morts ni laisser ton fidèle voir la corruption. Tu m’as appris des chemins de vie, tu me rempliras d’allégresse par ta présence.
Pierre fait ensuite allusion à David, à qui Dieu a juré de faire asseoir sur son trône un homme issu de lui.
Il s’agit d’une citation du psaume 131, inspiré par la prophétie de Nathan dans 2 Samuel 7,12-14 : Quand tes jours seront accomplis et que tu reposeras auprès de tes pères, je te susciterai dans ta descendance un successeur, qui naîtra de toi, et je rendrai stable sa royauté. C’est lui qui bâtira une maison pour mon nom, et je rendrai stable pour toujours son trône royal. Moi, je serai pour lui un père ; et lui sera pour moi un fils
Pierre poursuit :
David a vu d’avance la résurrection du Christ dont il a parlé ainsi : Il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas vu la corruption.
Il s’agit d’une citation du psaume 15.
Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. Elevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu sur nous, ainsi que vous le voyez et l’entendez. David, en effet, n’est pas monté au ciel, bien qu’il dise lui-même : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Siège à ma droite, jusqu’à ce que j’aie placé tes ennemis comme un escabeau sous mes pieds.
Il s’agit d’une citation du psaume 109.
A partir de cette lecture de l’Ecriture, l’Ancien Testament, entrons maintenant dans trois synthèses du Nouveau Testament.
Synthèse paulinienne
Partons du Jour du Seigneur en Joël, la fin des temps.
A la vigile de Pentecôte, la lettre aux Romains (8,22-27) dit : Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. Et elle n’est pas seule. Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissions ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps.
Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance ; voir ce qu’on espère, ce n’est plus espérer : ce que l’on voit, comment peut-on l’espérer encore ? Mais nous, qui espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance. Bien plus, l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables.
Le premier « étage » de la pensée de Paul est l’ensemble du cosmos, de la création. Nous sommes en train de passer d’un monde ancien à un monde nouveau, dans les souffrances d’un enfantement. La création gémit. L’Esprit Saint gémit dans l’enfantement d’une création nouvelle.
Le deuxième « étage », c’est l’être humain, c’est-à-dire nous, toute l’humanité. Durant le temps de l’enfantement de la création, nous gémissons dans l’attente de notre adoption comme enfants de Dieu, unis au Fils de Dieu ; dans l’attente de notre propre résurrection ; pas seulement le fait de recevoir une vie nouvelle, mais le fait de ressusciter « corps et âme », « chair et esprit ». L’Esprit Saint murmure en nous, sans cesse, le nom de Dieu comme Père. C’est par l’Esprit Saint que nous découvrons, sans cesse, que nous sommes enfants de Dieu, unis à son Fils unique, le Christ mort et ressuscité.
C’est ainsi que nous avons dans la lettre aux Romains (10,9-13) : Si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, et, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. Car c’est avec le cœur que l’on croit pour devenir juste, c’est avec la bouche que l’on affirme sa foi pour parvenir au salut. En effet, l’Ecriture dit : « Quiconque met en lui sa foi ne connaîtra pas la honte » (Isaïe 28,16).
Ainsi, entre les Juifs et les païens, il n’y a pas de différence : tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l’invoquent. En effet, « quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Joël 3,5).
Dans la Lettre aux Galates (5,16-25), proclamée le jour de la Pentecôte, nous avons un autre « étage » de la pensée paulinienne. Il s’agit, pour un être humain baptisé, de la vie selon l’Esprit de Dieu : Marchez sous la conduite de l’Esprit Saint, et vous ne risquez pas de satisfaire les convoitises de la chair. Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez. Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi.
Paul envisage la vie du baptisé comme un combat, un affrontement entre la convoitise et la liberté. Le premier péché après la chute d’Adam et Eve est la convoitise de Caïn à l’égard de son frère Abel. La convoitise est un mot qui revient régulièrement dans la Bible pour désigner ce qui conduit au mal. Lorsque Caïn est irrité et montre un visage abattu, le Seigneur lui dit : Pourquoi es-tu irrité, pourquoi ce visage abattu ? Si tu agis bien, ne relèveras-tu pas ton visage ? Mais si tu n’agis pas bien, le péché est accroupi à ta porte. Il est à l’affût, mais tu dois le dominer (Genèse 4,5-7).
La chair entraîne vers le mal. L’Esprit entraîne à la liberté à l’égard de la chair qui entraîne au mal. L’Esprit rend libre. Le fruit de l’Esprit est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi. Par le fait de mourir avec le Christ, on crucifie la chair, avec ses passions et ses convoitises. L’Esprit nous conduit afin de ne pas nous laisser envahir par les convoitises. L’Esprit nous donne le discernement pour découvrir la volonté de Dieu, l’appel personnel que Dieu nous adresse pour vivre de sa Parole.
Un autre « étage » de la pensée paulinienne est la communion que l’Esprit donne aux baptisés entre eux. Grâce à l’Esprit Saint nous formons un seul corps (1 Corinthiens 12,1-13), le corps du Christ.
Un autre « étage » de la pensée paulinienne est le don de l’Esprit dans les charismes, qui édifient l’Eglise, et les ministères qui sont au service de l’Eglise (2 Corinthiens 3,1-18).
Synthèse lucanienne
Au début de l’évangile, l’Esprit intervient beaucoup.
Zacharie apprend par l’ange que son fils, Jean, sera rempli d’Esprit Saint dès le ventre de sa mère, Elisabeth (Luc 1,15-17).
Marie apprend par l’ange Gabriel que l’Esprit Saint viendra sur elle pour concevoir Jésus (Luc 1,34-35).
Lors de la visitation de Marie chez Elisabeth, celle-ci est remplie d’Esprit Saint et elle s’écrie d’une voix forte : Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni (Luc 1,41-45).
Lors de l’imposition du nom après la naissance de son fils, Zacharie est rempli d’Esprit Saint et chante un cantique (Luc 1,67-79).
Lors de la présentation de Jésus au Temple, Syméon est lui aussi conduit par l’Esprit Saint pour aller au-devant des parents de Jésus (Luc 2,25-32)
Au moment du baptême par Jean, Jésus prie, le ciel s’ouvre ; l’Esprit Saint descend sur Jésus comme une colombe (Luc 3,21-23).
Rempli d’Esprit Saint, Jésus quitte le Jourdain et il est conduit à travers le désert, où il est tenté (Luc 4,1-2).
Enfin, à la synagogue de Nazareth, Jésus trouve le passage d’Isaïe : L’Esprit du Seigneur est sur moi (Luc 4,17-21).
Ensuite, c’est Jésus lui-même qui manifeste la puissance de Dieu.
Lors d’une mise en garde à l’égard des pharisiens, Jésus dit : Quiconque se sera déclaré pour moi devant les hommes, le Fils de l’homme aussi se déclarera pour lui devant les anges de Dieu. Mais celui qui m’aura renié en face des hommes sera renié à son tour en face des anges de Dieu. Quiconque dira une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné.
Quand on vous traduira devant les gens des synagogues, les magistrats et les autorités, ne vous inquiétez pas de la façon dont vous vous défendrez ni de ce que vous direz. Car l’Esprit Saint vous enseignera à cette heure-là ce qu’il faudra dire (Luc 12,8-12).
A la fin de l’Evangile, Jésus ressuscité dit à ses disciples : Moi, je vais vous envoyer ce que mon Père a promis (Luc 24,49).
Au début du livre des Actes, Jésus dit :
Alors que Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours (Actes 1,5).
Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre (Actes 1,8).
Le récit de la Pentecôte fait allusion au don de l’Esprit, au témoignage de Pierre, au baptême :
Pierre dit à ceux qui demandent ce qu’ils doivent faire : Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés ; vous recevrez alors le don du Saint-Esprit (Actes 2,38).
L’Esprit est encore donné quand Pierre et Jean sont relâchés et qu’ils prient avec une assemblée (Actes 4,31).
L’Esprit est donné à Corneille et à ses proches, lorsque Pierre fait un discours qui dit qui est Jésus (Actes 10,44).
A Antioche, l’Esprit dit : Mettez à part pour moi Barnabé et Saul en vue de l’œuvre à laquelle je les ai appelés (Actes 13,2).
Au cours du deuxième voyage missionnaire, en Phrygie, au pays des Galates, l’Esprit Saint empêche Paul et ses compagnons de dire la Parole dans la province d’Asie (Actes 16,6-7).
Au cours de ses voyages, Paul constate à Ephèse que les croyants ne connaissent pas l’Esprit Saint. Ils ont reçu le baptême de Jean. Les croyants, une douzaine d’hommes, reçoivent le baptême au nom du Seigneur Jésus. Paul leur impose les mains. L’Esprit Saint vient sur eux, et ils se mettent à parler en langues mystérieuses et à prophétiser (Actes 19,1-7).
Une fois le Christ mort et Ressuscité, les disciples prient dans l’attente du don de l’Esprit. Celui-ci accompagne le développement de l’annonce de l’Evangile, à toutes les étapes.
Synthèse johannique
Durant la fête des Tentes, dont l’origine était une fête des récoltes, les prêtres du temple de Jérusalem allaient, chaque jour, puiser de l’eau à la fontaine de Siloë et porter cette eau dans une cruche en or jusqu’au temple. Ils versaient ensuite cette eau à l’angle de l’autel dans le temple. Jésus a participé à la fête des Tentes, qui durait sept jours.
L’évangile, selon saint Jean (7,37-39), de la vigile de Pentecôte dit : Au jour solennel où se terminait la fête des Tentes, Jésus, débout, s’écria : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui croit en moi ! Comme dit l’Ecriture : De son cœur couleront des fleuves d’eau vive. L’eau ne viendra plus de la fontaine de Siloë, mais du cœur de Jésus. Le texte donne la signification de la parole prononcée par Jésus : En disant cela, il parlait de l’Esprit Saint qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui. En effet, il ne pouvait y avoir l’Esprit puisque Jésus n’avait pas encore été glorifié.
L’Esprit est cette eau qui est donnée par Jésus à celui qui croit en lui, lui qui a été glorifié, qui est passé de la mort à la vie par sa résurrection d’entre les morts. Certains font le lien avec le dialogue entre Jésus et la Samaritaine : Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle (Jean 4,13-14).
Quelques-uns font le lien avec la mort de Jésus en croix : Un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau (Jean 19,34).
Cet Esprit nous est donné par le Christ, mort et ressuscité pour nous donner la vie, la vie éternelle, la résurrection d’entre les morts.
L’évangile du jour (Jean 15,26-27 ; 16,12-15) de Pentecôte est un passage du discours de Jésus après le lavement des pieds, la veille de sa mort, un discours que Jésus fait à ses disciples.
Jésus annonce le don de l’Esprit :
Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut pas recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous (Jean 14,17).
Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous, mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit (Jean 14,25-26).
Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement (Jean 15,26-27).
J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître (Jean 16,12-15).
Le soir du premier jour de la semaine, Jésus Ressuscité vient auprès de ses disciples. Il leur dit : De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : Recevez l’Esprit Saint. A qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus (Jean 20,19-23).
Un temps de discernement
Après la pandémie, nous franchirons une étape au niveau mondial, au niveau ecclésial, au niveau personnel. Il s’agira de discerner ce que la Parole de Dieu nous fera voir afin de prendre de bonnes décisions.
Nous poursuivons notre route dans la création qui gémit dans l’attente d’un monde nouveau. L’Esprit Saint continue à gémir.
Parmi les domaines à bien analyser, nous avons l’avenir de la maison commune, la planète, l’environnement. Dans ce domaine, tout est lié. L’encyclique Laudato Si’ (24 mai 2015) est à approfondir. Elle est le fruit d’une grande communion entre le pape François et le patriarche Bartholomée, de Constantinople. Le parcours proposé en sept années nous aidera beaucoup.
Parmi les autres domaines à analyser, nous avons le fait d’être humain, l’anthropologie. Ce domaine est lié à la planète, mais aussi à un aspect qu’est la transmission de la vie, un aspect qui est le lien qui nous unit entre humains. L’encyclique Amoris Laetitia (19 mars 2016) est elle aussi à approfondir. L’Esprit, dont le premier don est l’amour, nous fait voir bien des dons qui en sont les facettes.
En communion avec le Grand Imam Ahmad Al-Tayyeb, que le pape François a rencontré à Abou Dhabi le 4 février 2019, le pape a rédigé Fratelli Tutti (3 octobre 2020) sur la fraternité humaine. En une période où les mentalités disent beaucoup de mal des musulmans, il est bon de regarder comment tous les êtres humains sont appelés à devenir frères.
Aussi bien pour l’environnement que pour le lien qui nous unit, le don de la vie, il y a la question du mal. Et la recherche du bien, du bien de tous. L’Esprit Saint nous libère du mal, et nous fait voir le bien, le bien de tous. Dans Gaudete et Exsultate (19 mars 2018), le pape traite explicitement du discernement (n° 158-177).
Sur tous ces points, la Parole de Dieu nous invite à viser le bien commun, tel que l’Evangile, Dieu, Père, Fils et Esprit manifeste dans son dessein : création, salut, gloire à venir.
Au plan ecclésial, nous entrons dans un processus synodal. Durant trois ans, nous allons voir comment nous en vivons au plan diocésain, au plan continental et au plan universel. L’Esprit Saint nous redit ce que Jésus a dit, ce qu’il a manifesté au cours de son ministère.
Nous allons redécouvrir en quoi consiste le témoignage de l’Evangile, la communion ecclésiale et le service que nous avons à rendre entre frères et sœurs baptisés, le service de l’humanité et de la planète (Cardinal Mario Grech, Pour une Eglise synodale : communion, participation et mission, XVIème Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Evêques, 21 mai 2021).
Au plan personnel, nous avons chacune, chacun notre itinéraire, avec ses moments de joie et ses épreuves. Il y a un aspect de découverte de la Parole de Dieu ; un aspect de convoitise ; un aspect de libération de ce qui nous entrave ; des engagements ; un appel personnel ; une réponse à cet appel.
Parfois, certains nous présentent l’humanité comme un peuple mort, destiné à la mort. Ne nous laissons pas prendre par ce discours. Le prophète Ezékiel nous rappelle la vision des ossements desséchés. Dieu est capable de ressusciter les morts, de donner son souffle à un peuple nouveau. D’où l’intérêt de relire des textes bibliques qui nous parlent du Saint-Esprit et de son agir dans le cosmos, l’humanité et notre être personnel.
L’évangile de Jean, dans les discours d’adieu de Jésus la veille de sa mort, parle d’une entrée dans la relation entre Jésus et son Père. L’image présentée est celle de la demeure : demeurez-en moi, comme le Père demeure en moi et que je demeure dans le Père. L’Esprit Saint, qui murmure en nous le nom de Dieu comme Père, nous introduit dans cette demeure.
+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai