Ce dimanche, nous avons la possibilité de vivre deux liturgies distinctes : l’entrée messianique du Seigneur à Jérusalem et la liturgie eucharistique de la Passion.
L’entrée messianique du Seigneur à Jérusalem
Pendant 40 jours, nous avons préparé nos cœurs par la prière, la pénitence et le partage ; et nous voici rassemblés au début de la semaine sainte pour commencer avec toute l’Eglise la célébration du Mystère pascal.
Aujourd’hui, le Christ entre à Jérusalem, la Ville sainte, où il va mourir et ressusciter.
Les rameaux, le buis, que nous portons sont bénits par celui qui préside l’entrée messianique.
Ensuite est proclamé l’évangile.
Nous avons le choix entre deux évangiles
Les deux évangiles évoquent le cantique de la foule qui accueille Jésus à Jérusalem :
En Marc
Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre Père.
Hosanna au plus haut des cieux !
En Jean
Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
Béni soit le roi d’Israël !
Ensuite, nous partons en procession « comme les foules de Jérusalem heureuses d’acclamer le Messie ».
La liturgie eucharistique de la Passion
La première lecture est tirée du livre du prophète Isaïe. Nous sommes dans la deuxième partie du livre d’Isaïe (chapitres 40 à 55), dans laquelle intervient régulièrement le titre de « serviteur ». Dans le passage proclamé ce dimanche (50,4-7), le prophète lui-même est un serviteur persécuté. Déporté, persécuté, le prophète Isaïe a dû, pour pouvoir réconforter ses compatriotes, chercher d’abord le réconfort auprès de Dieu ; comme un disciple attentif, il a recueilli les paroles du Seigneur, puis il les a transmises. Ce faisant, il a rencontré scepticisme et hostilité ; cependant, même sous les outrages, il est resté ferme, étant sûr, en demeurant fidèle à Dieu, de confondre ses persécuteurs et de fortifier ses approbateurs.
Le Psaume 22 évoque un persécuté, qui fait confiance en Dieu. C’est dans ce psaume que nous trouvons des « gestes » de la passion de Jésus : Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement.
La deuxième lecture est un hymne tiré de la lettre de l’apôtre Paul aux Philippiens. Deux mouvements dans cet hymne. Un mouvement descendant : de la condition de Dieu, le Christ Jésus s’anéantit prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes ; il s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix. Un mouvement ascendant : c’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom, qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père.
L’évangile selon Marc fait le récit de l’action extraordinaire de la femme qui à Béthanie, chez Simon le lépreux, verse du parfum sur la tête de Jésus, avec les commentaires des personnes présentes. Jésus donne son interprétation : D’avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement. Ensuite, Judas cherche un stratagème pour trahir Jésus. Les disciples préparent le repas de la Pâque. Jésus et ses disciples mangent la Pâque. Jésus annonce la trahison de Judas. Il fait le récit de l’institution sur le pain et la coupe. Ensuite, Jésus et ses disciples vont à Gethsémani. Judas arrive avec une foule armée d’épées et de bâtons. Jésus est arrêté. Ses disciples s’enfuient. Le conseil suprême cherche à condamner Jésus à mort. Pierre renie Jésus, en affirmant qu’il ne le connaît pas. Jésus est livré à Pilate, qui relâche Barabbas et qui livre Jésus pour qu’il soit crucifié. Jésus est chargé de la croix et doit se rendre au Golgotha pour y être crucifié. Les bandits crucifiés avec lui se moquent de lui ; les grands prêtres se moquent de lui. Puis vient le moment du cri d’abandon de Jésus avant d’expirer. Le corps de Jésus est inhumé dans un tombeau.
La Préface synthétise bien ce qui s’est passé :
Alors qu’il était innocent
Il a voulu souffrir pour les coupables,
Et sans avoir commis le mal
Il s’est laissé juger comme un criminel ;
En mourant, il a détruit notre péché ;
En ressuscitant,
Il nous fait vivre et nous sanctifie.
Justin de Naplouse (IIème siècle), dans son Apologie pour les chrétiens, écrit : Cette nourriture reçoit chez nous le nom d’eucharistie et nul n’est admis à y prendre part, sinon celui qui a foi en la vérité de nos enseignements, qui a reçu le bain pour la rémission des péchés et en vue de la régénération, et qui vit selon les préceptes donnés par le Christ.
+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai