Le IVème dimanche de l’Avent de l’année B est celui de l’annonce faite par l’ange Gabriel à Marie.
Comme le dit la prière d’ouverture : Que ta grâce, Seigneur notre Père, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’incarnation de ton Fils bien-aimé, conduis-nous par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection.
Une annonce est faite par un prophète, un ange, un messager. Dans la première lecture, tirée du deuxième livre de Samuel, le rédacteur nous que David habite enfin dans sa maison. Celui-ci fait la comparaison avec le lieu où est vénéré l’arche d’alliance, un abri de toile, une tente. Il en parle avec le prophète Nathan. La nuit suivante, la parole du Seigneur est adressée à Nathan : Va dire à mon serviteur David : Ainsi parle le Seigneur : est-ce toi qui me bâtiras une maison pour que j’y habite ? Le Seigneur rappelle tout ce qu’il a fait pour David. Nathan poursuit : Le Seigneur t’annonce qu’il te fera lui-même une maison. Quand tes jours seront accomplis et que tu reposeras auprès de tes pères, je te susciterai dans ta descendance un successeur, qui naîtra de toi, et je rendrai stable sa royauté. Moi, je serai pour lui un père ; et lui sera pour moi un fils. Ta maison et ta royauté subsisteront toujours devant moi, ton trône sera stable pour toujours. David voudrait construire une maison pour l’arche d’alliance, un Temple. Dieu répond qu’il va faire une maison pour David, en suscitant un successeur dans sa descendance. Ce successeur sera un fils du Seigneur. Les rédacteurs du Nouveau testament diront que Jésus est ce successeur. Moi, je serai pour lui un père ; et lui sera pour moi un fils.
L’évangile de ce jour parle de l’annonce faite par l’ange Gabriel à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie.
A un certain moment, l’ange dit à Marie : Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin.
L’annonce est faite. Marie pose une question : Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ?
L’ange répond : L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. Or voici que, dans sa vieillesse, Elisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à Dieu.
Marie dit alors : Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole.
Alors que Zacharie, l’époux d’Elisabeth, avait douté lorsque l’ange Gabriel lui avait annoncé au Temple de Jérusalem la naissance de Jean, le futur Jean Baptiste, Marie croit en la parole de l’ange et accepte sa vocation, sa mission.
Le fils de Marie reçoit le nom de Jésus ; il sera appelé Fils du Très-Haut ; il recevra le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob ; son règne n’aura pas de fin. Celui qui va naître sera saint ; il sera appelé Fils de Dieu.
Nous trouvons ici l’origine de Jésus, un homme de la maison de David, et son identité profonde : il sera appelé Fils de Dieu. Il n’y a pas de titre plus grand que celui-là.
Le psaume 88, enraciné dans l’annonce faite à David par Nathan, trouve son accomplissement en Jésus :
Avec mon élu, j’ai fait une alliance, J’ai juré à David, mon serviteur : J’établirai ta dynastie pour toujours, Je te bâtis un trône pour la suite des âges. Il me dira : « Tu es mon Père, Mon Dieu, mon roc et mon salut ! » Sans fin je lui garderai mon amour, Mon alliance avec lui sera fidèle.
A la fin de sa lettre aux Romains, dans laquelle il a présenté une synthèse éblouissante du dessein de Dieu destiné à l’humanité tout entière, l’apôtre Paul conclut par une doxologie :
A celui qui peut vous rendre forts, Selon mon Evangile qui proclame Jésus Christ : Révélation d’un mystère Gardé depuis toujours dans le silence, Mystère maintenant manifesté Au moyen des écrits prophétiques, Selon l’ordre du Dieu éternel, Mystère porté à la connaissance de toutes les nations Pour les amener à l’obéissance de la foi, À Celui qui est le seul sage, Dieu, par Jésus Christ, À lui la gloire pour les siècles. Amen.
Marie a vu se déployer ce mystère. Elle retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Demandons-lui de nous accompagner sur le chemin de la foi pour entrer progressivement dans le mystère du Christ.
La Préface de ce jour dit :
(Le Christ, notre Seigneur) est Celui que tous les prophètes avaient chanté, Celui que la Vierge attendait avec amour, Celui dont Jean Baptiste a proclamé la venue et révélé la présence au milieu des hommes. C’est lui qui nous donne la joie d’entrer déjà dans le mystère de Noël, Pour qu’il nous trouve quand il viendra, vigilants dans la prière et remplis d’allégresse.
Né à Flavia Néapolis, près de l’ancienne Sichem en Samarie, au tout début du IIème siècle, Justin est probablement citoyen romain par son père, Priscus, et d’ascendance grecque par son grand-père Baccheios, étranger au judaïsme. Il ne connaît ni l’hébreu, ni l’araméen. Il reçoit l’éducation des fils de famille aisée et passe d’une école philosophique à l’autre. Arrivé au platonisme, il abandonne tout pour le christianisme, à la suite d’une conversion liée soit à la rencontre avec un vieillard chrétien, soit au spectacle du courage des chrétiens devant la mort. Il aurait quitté la Palestine au moment de la deuxième guerre de Judée (132-135) pour vivre à Rome. Il reste philosophe et en porte l’habit, appelé tribôn.
A Rome, il fonde sa propre école où il aurait étudié les textes sacrés. Il a la grâce de comprendre les Ecritures. Parmi ses disciples, on compte Tatien (120-173). On ne pense pas que Justin ait été prêtre, même s’il a joué un rôle important dans l’Eglise de Rome. Il aurait, par exemple, contribué à l’exclusion de Marcion (85-160) en 144, qui considérait l’Ancien Testament comme moins important que le Nouveau pour découvrir la Parole de Dieu. Il a des démêlés avec un philosophe cynique, appelé Crescens, qui attirent la méfiance des autorités à son égard. Lorsque le maître chrétien, appelé Ptolémée, est l’objet de poursuites des autorités, Justin adresse une vive protestation auprès de la chancellerie impériale.
A la suite de ces événements, Justin doit repartir en Orient. Il rédige le Dialogue avec le Juif Tryphon.
Revenu à Rome, il enseigne dans son école. Il attire de nouveau l’attention sur lui. Il est arrêté alors que Quintus Junius Rusticus, un proche de l’empereur Marc Aurèle (empereur de 161 à 180), est préfet de Rome, soit entre 163 et 168. Justin est exécuté en même temps que plusieurs de ses disciples.
Comme tous les grands philosophes de son temps, Justin connaît très bien la pensée grecque. Comme chrétien, il se réfère essentiellement aux Ecritures, l’Ancien Testament et ce que l’on connaissait alors du Nouveau Testament. Il est considéré comme un des premiers théologiens chrétiens. Le Dialogue avec le Juif Tryphon est rédigé en grec.
Justin fait la comparaison entre Marie et Eve, en C 5 :
De fait, c’est alors qu’elle était vierge et exempte de corruption qu’Eve reçut en elle la parole qui venait du serpent et engendra la désobéissance et la mort ; et c’est en recevant la foi et la grâce que, lorsque l’ange lui annonça la bonne nouvelle que l’Esprit du Seigneur viendrait sur elle et que la puissance du Très-Haut la couvrirait de son ombre, de sorte que l’être saint qui naîtrait d’elle serait Fils de Dieu, la vierge répondit : « Qu’il m’advienne selon ta parole ». C’est par elle que fut engendré celui qu’évoquent tant d’Ecritures, comme je l’ai démontré, celui par qui Dieu détruit le serpent, ainsi que les anges et les hommes qui se sont rendus pareils à lui, et opère la délivrance de la mort pour ceux qui se repentent de leurs mauvaises actions et croient en lui.
Marie est la nouvelle Eve. Par Jésus, son fils, Fils de Dieu, qui sauve toute l’humanité, Marie est appelée la Mère de tous les vivants.
+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai