Nous continuons la proclamation de l’évangile de Marc. Après l’enseignement à la synagogue de Capharnaüm et la parole qui chasse l’esprit impur, Jésus quitte la synagogue et il se rend, avec les quatre disciples, à la maison où habite Simon. La belle-mère de celui-ci est au lit, avec de la fièvre. Quelqu’un le signale à Jésus. Celui-ci s’approche, la saisit par la main et la fait se lever. Le même verbe sera utilisé pour la résurrection de Jésus. La belle-mère est délivrée de la fièvre et exerce l’hospitalité. Jésus est capable de faire sortir un esprit impur et aussi de la fièvre. Quel que soit le mal, Jésus est capable d’en délivrer.
Le soir venu, après le coucher du soleil, le sabbat est terminé. Il est permis de porter des malades sur un brancard afin de les présenter à Jésus. Les malades sont atteints d’un mal ou possédés par des démons. Marc insiste : c’est la ville entière qui vient dans la maison de Capharnaüm. Jésus guérit beaucoup de gens et il expulse beaucoup de démons. Il agit à l’égard des démons comme il a réagi à l’esprit impur de la synagogue.
Le lendemain, bien avant l’aube, Jésus se lève et n’éveille pas ses disciples. Il sort et se rend dans un endroit inhabité où il prie seul.
Simon et les autres disciples partent à sa recherche. Ils le trouvent. Simon dit : Tout le monde te cherche. On se doute bien pourquoi. Jésus est capable de guérir et de délivrer du démon. Un tel thérapeute doit rester à Capharnaüm.
Jésus ne veut pas devenir le thérapeute de Capharnaüm. Sa mission est autre. Jésus dit : Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Evangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. Et il parcourt toute la Galilée, proclamant l’Evangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.
Jésus est en sortie, comme dit le pape François. Il a enseigné et expulsé des démons à Capharnaüm ; il veut le faire ailleurs, dans toute la Galilée. Cette fois son enseignement, c’est proclamer l’Evangile.
La liturgie de ce jour nous donne, en première lecture, l’expérience de la souffrance de Job qui, ne l’oublions pas, est le résultat d’une action du démon, de Satan. Dans le livre de Job maladie et Satan sont liés. Les amis de Job vont essayer de démontrer que la maladie est le fruit du péché de Job. Celui-ci va crier son innocence, et demander des explications à Dieu. Comment se fait-il qu’il souffre alors qu’il est innocent ? Dieu répondra que, de fait, Job n’a pas commis le mal, de péché. Mais, en même temps, il n’y a pas d’explication à la souffrance.
Jésus enseigne, guérit, exorcise et ne met pas le péché comme cause aux maladies.
Dans la deuxième lecture, première lettre aux Corinthiens, l’apôtre Paul parle lui aussi d’annoncer l’Evangile. C’est une nécessité. Il ne s’agit pas de chercher une récompense. Mais il s’agit de le voir comme une mission qui lui est confiée. Du coup, il n’y a pas de récompense à attendre, pas d’avantage à espérer. Annoncer l’Evangile, c’est se faire proche de tous afin d’en gagner le plus grand nombre possible. Tout cela, dit Paul, je le fais à cause de l’Evangile, pour y avoir part, moi aussi.
Le pape François a repris dans ces pages le fait de sortir pour annoncer l’Evangile. Il ne s’agit pas de « sortir des lieux de culte » pour aller là où il n’y a rien. Mais bien de sortir pour aller partout, dans les périphéries là où l’Evangile n’est pas encore annoncé.
Dans Evangelii gaudium, au n° 20, le pape François écrit : Dans la Parole de Dieu apparaît constamment ce dynamisme de « la sortie » que Dieu veut provoquer chez les croyants. Abram accepta l’appel à partir vers une terre nouvelle. Moïse écouta l’appel de Dieu : Va, je t’envoie et il fit sortir le peuple vers la terre promise. A Jérémie il dit : Vers tous ceux à qui je t’enverrai, tu iras (…). Nous sommes tous invités à accepter cet appel : sortir de son propre confort et avoir le courage de rejoindre toutes les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Evangile.
+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai