Alors que nous suivons l’évangile de Marc durant l’année liturgique B, nous avons aujourd’hui l’évangile de Jean. Jean le Baptiste a déjà été présenté dans le prologue de l’évangile : Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière. Jean le Baptiste rend témoignage (au Verbe fait chair) en proclamant : « C’est de lui que j’ai dit : Celui qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était ».
L’évangéliste donne ensuite le témoignage de Jean face aux prêtres et aux lévites envoyés par les Juifs de Jérusalem. Ce témoignage est fait en une journée. Le lendemain, voyant Jésus venir à lui, Jean déclara : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. Et moi, je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté à Israël ». Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : ‘Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint’. Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu ».
Vient ensuite le passage qui vient d’être proclamé : Le lendemain encore, Jean se trouvait là avec deux de ses disciples. L’évangéliste ne donne pas le nom des deux disciples de Jean. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu ». Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus. Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient, et leur dit : ‘Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent : Rabbi – ce qui veut dire Maître -, où demeures-tu ?’ Il leur dit : « Venez et vous verrez ». Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était vers la dixième heure (environ quatre heures de l’après-midi).
Le même jour, André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie – ce qui veut dire : Christ. André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Kèphas » – ce qui veut dire : Pierre.
Le texte continue : le lendemain, Jésus appelle Philippe. Philippe va trouver Nathanaël.
Nous sommes dans un passage qui décrit la suite de Jésus par quelques hommes : celui dont on n’a pas le nom, André, Kèphas, Philippe, Nathanaël. Ensuite, nous sommes à Cana, aux noces d’un couple, en présence de Jésus, ses disciples, sa mère.
Habituellement, nous avons des récits qui montrent que c’est Jésus qui appelle des disciples. Ici, ce sont des disciples qui suivent Jésus, et un disciple qui en amène un autre à Jésus. La parole de Jésus en réponse à « Où demeures-tu » est : « Venez et vous verrez ».
On retrouve ici la manière dont on devient disciple de Jésus :
Ecouter et, ensuite, voir.
L’évangéliste a comme clé de compréhension : c’est Dieu, le Père, qui donne des disciples à Jésus, son Fils. Plus loin dans l’évangile, Jésus dira à son Père : « Ceux que tu m’as donnés ».
André dit à Simon-Pierre : Nous avons trouvé le Messie.
Jésus va et vient, il marche. Comme rabbi, il a un savoir, une sagesse. Suivre Jésus, qui marche, c’est découvrir à quelle profondeur sa sagesse nous entraîne.
À partir du don de l’Esprit Saint à Jésus, dont témoigne Jean le Baptiste ;
À partir de la désignation de Jésus comme l’Agneau de Dieu par Jean le Baptiste ;
Surgissent des disciples de Jésus : Jésus ne sera plus seul, mais accompagné de quelques disciples.
Le ministère de Jésus, la mission de Jésus, est manifesté au milieu de disciples. Aux noces de Cana, les disciples de Jésus verront en lui l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, le Fils de Dieu, un Rabbi, le Messie, qui manifeste sa gloire en changeant l’eau en vin.
Dès le début de la mission de Jésus, nous savons qui il est aux yeux de Dieu. D’où l’intérêt de bien voir ce qu’il fait, ce qu’il manifeste par sa parole, ses gestes, sa prière.
La première lecture de ce jour, tirée du premier livre de Samuel, décrit l’appel de Samuel par Dieu lui-même. Au troisième appel, la nuit, dans le temple du Seigneur à Silo, Samuel répond comme le prêtre Eli lui a dit de faire : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ».
Ecouter Dieu et ensuite voir. C’est la clé de compréhension de la grande tradition juive pour servir Dieu et exercer une mission.
Ceci est repris dans le Psaume 39 :
Seigneur, tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, Tu as ouvert mes oreilles ; Tu ne demandais ni holocauste ni victime, Alors j’ai dit : Voici, je viens
Dans la 2ème lecture, tirée de la première lettre de l’apôtre Paul aux Corinthiens, nous avons un aspect important de l’anthropologie chrétienne, une présentation de la signification du corps de l’être humain.
Pour un chrétien, baptisé, le corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint, lui qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ; vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car vous avez été achetés à grand prix.
Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps.
A propos du changement du nom de Simon en Kèphas, Origène écrit : Il dit qu’il s’appellerait Pierre, tirant ce nom de la Pierre qu’est le Christ, afin que, de même que « sage » vient de « sagesse » et « saint » de « sainteté », ainsi également « Pierre » de la « pierre ».
Origène est un savant chrétien né à Alexandrie en Egypte, vers 185, et mort à Tyr au Liban vers 253. Il est réputé pour ses études sur la Bible.
+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai